2010-07-07

28 Days Later (2002)

Quelques réflexions sur 28 Days Later de Danny Boyle

Il est très ironique de constater que c’est «l’insouciance » des jeunes activistes qui voulurent libérer des chimpanzés d’un laboratoire ou l’on expérimentait un virus mortel qui fut la cause de la contagion traitée dans 28dl. Il faut savoir qu’il existe un groupe d’environnementalistes qui souhaitent voir la race humaine disparaître pour laisser place à la faune et la flore. Ils prônent l’extinction de l’espèce qui menace le plus la planète Terre. Opinion discutable mais qui pourrait représenter la cause pourquoi ces jeunes étaient naïfs face à l’action politique qu’ils croyaient réaliser.
Toutefois, le cinéaste Danny Boyle ne fait qu’effleurer ce propos pour laisser plus de place à l’épidémie et à l’état apocalyptique qu’il représente en Angleterre. Les images frissonnantes d’un Londres abandonné par l’humanité marquent la mémoire du spectateur.  Son discours se situe beaucoup plus au niveau de l’effet qu’une épidémie causée par une erreur humaine plutôt qu’au niveau d’une intention d’une nation vengeresse ou d’une erreur militaire telle celle démontrée dans le Dr. Strangelove (1963) de Stanley Kubrick ou l’ironie prône ainsi que les inquiétudes de son auteur face à un éventuel conflit atomique au cours de la Guerre froide. L’influence de la vision de Kubrick est ressentie tout au long de la filmographie de Danny Boyle. Tout spécialement, pour 28dl c’est le ton ironique de la cause de l’apocalypse qu’il emprunte au Dr. Strangelove de Kubrick.

28dl, fut catégorisé comme étant un film de zombie nouveau genre. Cependant, le film de zombie « classique » a auparavant été surtout utilisé comme véhicule de dénonciation sociale. Si l’on observe, par exemple, le Night of the Living Dead (1968) de George A. Romero on peut y découvrir une dénonciation du racisme omniprésent en sol américain. Dans le cas de son Dawn of the Dead, Romero se permet une allégorie de la société de consommation de masse avec ces hordes de zombies qui pullulent vers le centre commercial ou se sont réfugiés les derniers survivants de l’apocalypse. Il démontre aussi comment une petite communauté qui malgré ses différends internes doit s’unir pour survivre et recréer un semblant d’humanité (thème Fordien exploité en huis clos).
Dans le cas du film de Boyle, le message se fait sur un niveau plus important que sur la simple critique sociale. C’est une forme de cri du cœur, très peu subtil, de la préoccupation de son auteur face à l’éventualité d’une erreur qui pourrait causer des dommages irréparables à l’humanité. Il se veut aussi une certaine dénonciation de la science qui, avide de gains, se rallie plus souvent aux belligérants malveillants qui recherchent toujours à dépasser les limites de l’armement au dépit des valeurs plus nobles que la science s’était octroyée, c’est-à-dire : le bien de l’humanité. Il en découle aussi de la banalisation et du manque marqué de précautions vis-à-vis de ces menaces mortelles.

Le monde post-apocalyptique de Boyle est inquiétant certes, mais il réfère aussi à la reconstruction de l’humanité ainsi que de sa survie. La communauté de Mark, Selena et Jim doit s’unir pour survire aux infectés. Ceux-ci, ayant des comportements agressifs de rage intense. Leur ultime défi est d’échapper à la colère qui risque de miner leur fragile harmonie. La représentation des zombies de Boyle est très intéressante : ils représentent des enragés ou plutôt des Hommes qui n’auraient pas évolué depuis leur passage du singe à homme : une référence aux singes qui sont libérés et qui répandront le virus. Ce virus représente la perte de l’humanité, des institutions et de l’évolution de l’Homme. Les infectés perdent tout sang froid et leur instinct destructeur écrase leur civilité. La réflexion que pose Boyle dans la seconde partie de 28dl est : est-il pire de détruire l’humanité d’un seul coup ou bien que la terre soit peuplée d’humains sans civilisation. De plus, il est primordial de se souvenir que la rage, la haine et la destruction sont des inventions de l’homme on peut faire ici un parallèle avec la création humaine du virus.

Du point de vue de la forme, 28dl fut un chantier d’expérimentations pour Boyle qui a tourné avec le numérique. Tout en donnant un fini grossier avec un grain important à l’écran ce type de support donne un aspect documentaire au film. Ce fini un peu brouillon ajoute une teinte de vérité et précarité aux scènes de survie, comme si on avait tourné en vitesse de vraies scènes un peu comme l’esprit du Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato. Certaines scènes de l’isolation de Jim sont complètement muettes et laissent tout l’espace au dépaysement du spectateur qui ressent les mêmes émotions que le protagoniste à l’écran, on assiste à une maximisation de la catharsis dans un monde de fiction qui s’apparente à une réalité probante. Les rues de Londres, l’une des plus grandes villes européennes, désertes et surtout sans un bruit démontrent l’horreur pure sans artifice de la fin du monde tel qu’on le connaît.

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