2009-11-15

Antichrist


J'avais beaucoup d'attentes vis-à-vis de ce film car ayant lu plusieurs critiques négatives et quelques unes positives je voulais me faire ma propre idée du dernier film que Lars von Trier nous a concocté. Ayant seulement vu ses films les plus connus; Dancer in the Dark et Dogville, je pense que ces films démontrent tout le talent de ce créateur hors normes. Dancer in the Dark est un véritable chef d'oeuvre et Dogville une expérience intéressante mais dont on se lasse rapidement.

Pour me faire encore plus languir, Antichrist était précédé d'un court métrage de Pedro Pires intitulé Danse Macabre. En plus, le commis au comptoir qui me donna mon billet me demanda si j'étais prêt mentalement pour le programme principal. Bref, tout pour me rendre encore plus fébrile à l'expérience cinématographique qu'est Antichrist. Dans une salle du Cinéma Le Clap ou se trouvaient environ une vingtaine de cinéphiles venus voir un von Trier, l'atmosphère était mélangée entre l'excitation et la peur.

Un magnifique prologue tourné en noir et blanc et au ralenti met en contexte le spectateur qui ne peut rester insensible au décès du fils du couple pendant leurs ébats sexuels. Pour passer au travers de la dépression de la femme, le couple part dans un chalet dans la forêt pour une thérapie donnée par l'homme. Là tout s'enfonce peu à peu et dégénère complètement. À part l'épilogue, le reste du film est tourné en numérique et à l'épaule selon le Dogme 95 élaboré par von Trier. Cette technique donne un grain à l'image qui peut être très agaçant et qui lui donne une apparence d'amateurisme et d'un autre côté de réalisme. L'idée de départ du film est très intéressante et est une bonne matière à travailler pour von Trier qui tombe rarement dans des thèmes faciles. On peut lui donner ce grand point positif; il ne se complaît pas dans la facilité.

Cependant, il prend toutes les voies pour provoquer, de la sexualité explicite aux des violences sadiques et jusqu'à utiliser un symbolisme outrageant. Il provoque son auditoire, et ce, pour nourrir son propre ego de prétention. D'une part, il laisse sa propre marque et son style un peu comme un certain Quentin Tarantino avec son excellent Inglorious Basterds. Lorsque le film se termine, on y voit une dédicace pour Andrei Tarkovsky qui s'avère assez douteuse. Je m'explique; étant un admirateur du travail du poète visuel qui nous a laissé trop peu de films et qui s'est même permis un dialogue avec le 2001; A Space Odyssey de Stanley Kubrick et qui n'a rien à lui envier est dans les meilleurs cinéastes de tous les temps. On peut considérer les films de Tarkovsky comme des films contemplatifs et religieux. Ce dernier a toujours su faire des films esthétiquement parfaits et complets remplis d'une imagerie magnifique. Pour ce qui est de von Trier on est loin de la contemplation et encore plus loin d'un esthétisme agréable, et ce, surtout pour son Antichrist. Il quitte sa trame principale et s'enfonce dans le symbolisme religieux et dans la vulgarité. Il torture ses personnages et tout autant son auditoire (qui se verra diminué de la moitié durant la séance).

C'est un film qui a fait couler beaucoup d'encre et qui choque par son contenu et sa lourdeur. Il détient probablement son titre de film culte un peu comme le Salo de Pasolini mais pas pour les bonnes raisons. Von Trier loin d'être un poète visuel tel que Tarkovsky qui malgré sa maîtrise des éléments des trois mendiants et de la descente intéressante dans la folie de l'humain propose ici un efficace film d'épouvante mais un faible film sur le deuil et la perte. En regardant ce film comme étant un film d'épouvante, je lui reconnaît plus de qualités car il inculque la peur et le dégoût à son auditoire. La peur est provoqué par les choses que l'on ne comprend pas et qui nous sont nébuleuses et pour ma part c'est ce que j'ai ressenti en allant voir ce film. Il y a trop d'éléments nébuleux dans ce récit et trop peu d'explications.

7.6

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