Hatari! (Howard Hawks, 1962)
Ayant eu un parcours difficile auprès des nombreux studios pour qui il travailla, Howard Hawks n’a pas été apprécié à sa juste valeur à son époque. Reconnu vers la fin de sa carrière par les piliers de la Nouvelle vague française comme étant l’un des plus grands cinéastes américains. Leur lecture des films de Hawks a permis à donner à sa filmographie le lustre qui lui revenait. Plus près de nous, Quentin Tarantino place Howard Hawks comme étant son cinéaste préféré avec Sergio Leone. Cette influence se ressent surtout dans l’écriture de Tarantino qui utilise des dialogues rappelant les meilleures comédies de Hawks.
L’histoire de Hatari ! est plus que simple, on y suit un groupe d’hommes qui pendant trois mois doivent chasser des bêtes sauvages en Afrique pour peupler un zoo de Suisse. C’est lorsque la photographe, Dallas (nom féminin typique des films de Hawks qui aimait donner des noms masculins à ses héroines) venue d’Italie, que les choses se corsent. Le groupe composé de plusieurs caractères différents connait plusieurs défis et frictions.
Dans un premier temps, la scène d’ouverture nous présentant chacun des membres masculins du groupe est digne des grandes scènes classiques. Ils représentent l’homme qui tente de se saisir de la nature mais aussi de l’homme qui tente d’attraper la femelle (rhinocéros) pour l’avoir comme compagne. Je cite la meilleure phrase de cette scène : Je crois que c’est une femelle ; elle ne sait pas trop où aller et elle semble tourner en rond. De l’humour très typique de Howard Hawks, car il se moque bien des femmes et de leurs sentiments changeants et il clarifie ainsi que les hommes pensent en ligne droite et voient clair dans leurs sentiments. Cependant, le personnage de John Wayne est tout à fait à l’opposé de cette idée. Il ne se rend pas compte de son béguin pour Dallas et de son attachement à elle.
Le personnage central de John Wayne est très intéressant, il fait office de pater familial. Il veille sur chaque membre de la famille et essaie de désamorcer toute discorde qui pourrait survenir lors de leur travail. Du point de vue du jeu, il est rafraichissant de voir Wayne jouer sur le côté comique. Surtout lorsqu’il répond à brûle pour point à Dallas qui lui dit ; Un jour un taureau m’a déjà couru après ! Il lui répond ; Vous êtes sûre que ce n’était pas le contraire ? À part Dallas, le seul autre personnage féminin de la bande est Betty qui est la fille de l’ancien patron de chasseurs qui a été tué par un rhinocéros lors d’une chasse. Betty est convoitée par deux hommes ouvertement et par un ami d’enfance en secret, c’est finalement ce dernier qui remportera son cœur. Suite à cela, les deux autres concurrents se lient d’une amitié presque homosexuelle dont Hawks a inconsciemment peuplé ses films.
Un jour j’ai lu que François Truffaut a analysé ce film comme une démonstration de la méthode de réalisation d’un film de Howard Hawks. Un groupe restreint supervisé par John (Hawks) doit, comme pour les nombreux animaux, tourner tous les scènes qui peuplent un film et chacun des personnages doit écouter la figure d’autorité (le réalisateur) pour que chaque animal (scène) soit dans la boîte.
Les scènes de prise d’animaux sont impressionnantes notamment avec les rhinocéros. De plus, les paysages sont magnifiques. Un bon film d’aventures qui divertit et fait réfléchir sur le travail de l’un des plus grands cinéastes américains.
Cependant, dans la filmographie de Howard Hawks bien de ses films seraient à considérer de meilleure qualité pour ne nommer que His Girl Friday, Scarface (1932), The Big Sleep, Bringing Up Baby et le chef d’œuvre Rio Bravo. Personnellement, Hatari! est mon coup de coeurs dans la filmographie de Hawks. Ce film a un je ne sais quoi qui me fait rire et passer un bon moment. Je ne sais pas si ce sont les nombreuses scènes avec des éléphants ou le sentiment de légèreté et d'innocence qui en dégage, mais j'adore ce film!
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